Les biais cognitifs conditionnent notre manière de penser, d’agir ainsi que la façon dont nous pouvons juger autrui. Ils peuvent nous empêcher d’avoir accès à la totalité de l’information et nous envoient ainsi parfois dans la mauvaise direction. S’il en existe une multitude, je vous en partage seulement quelques-uns.

Pourquoi oubliez-vous systématiquement certaines informations ?

L’effet de récence

Nous avons tendance à mieux nous souvenir d’une information que nous venons juste de percevoir car très récente, elle est toujours présente dans notre mémoire à court terme. Si cette information n’est pas répétée, elle disparaîtra très vite, elle ne sera pas ancrée en mémoire à long terme.

L’effet de primauté

C’est la tendance à mieux se souvenir de la première information dans un temps donné. Cela, en raison du fait que c’est la première chose qui a été encodée, elle est donc ancrée en mémoire à long terme grâce à l’auto-répétition.

Ces deux effets ont été mis en évidence lors d’expérimentations au cours desquelles on a demandé à des participants de retenir une liste de mots.

Ces deux effets interpellent, cela pourrait signifier que lors d’une réunion ou d’une séance de formation, il faudrait placer les informations les plus importantes en début et en fin de séance.  Par ailleurs, ils jouent également un rôle dans la première impression, expliquent qu’il sera plus difficile de nous en défaire parce que mieux mémorisée.

Je rappelle que ce ne sont pas les seuls biais et processus qui entrent en jeu dans la mémoire, ils ne sont pas seuls responsables de l’encodage ou de l’oubli de certaines informations.

Connaissez-vous l’effet cocktail-party ?

Vous êtes à une réception, pleinement concentré sur une discussion avec quelqu’un. Il y a beaucoup de bruit et vous ne percevez rien des autres conversations. Soudain, quelqu’un prononce votre prénom, et votre attention est redirigée vers cette personne, vous avez soudainement prêté attention à un son provenant de l’extérieur, alors que vous ne perceviez rien des conversations précédentes. Ce biais, mis en évidence par Cherry en 1953, montre que nous sommes capables de soutenir notre attention sur quelque chose de particulier, et met en évidence l’existence d’un filtre attentionnel qui nous permet d’ignorer toutes les informations jugées non pertinentes, en revanche lorsque notre prénom est prononcé, il passe la barrière de ce filtre, car évidemment cette information est pleine de sens et nous interroge.

Trois formes d’attention

Le recours à chacun des types d’attention dépend du type de tâche que à accomplir. Cependant, l’augmentation du recours aux nouvelles technologies, et particulièrement les nouvelles technologies de l’information et de la communication tendent à modifier nos processus attentionnels. En effet, nous sommes aujourd’hui constamment sollicités, il peut être difficile de se concentrer sur une seule tâche (qui peut être très complexe parfois) alors que diverses notifications nous sollicitent en permanence (mails, appels, sms, réseaux sociaux…). Nous sommes même très souvent sur plusieurs écrans à la fois et traitons ainsi un important flux d’informations. Des études ont pu mettre en évidence que les individus, notamment les plus jeunes, qui sont nés avec ces nouvelles technologies, tendent à avoir plus souvent recours aujourd’hui à l’attention partagée et ont plus de difficultés en revanche à focaliser leur attention dans le temps, comparativement à leurs ancêtres. Cependant, certaines tâches nécessitent évidemment de l’attention soutenue, qui devient ainsi de plus en plus difficile à maintenir. Cela peut parfois déboucher sur des troubles attentionnels divers, rendant ainsi la personne incapable de se concentrer sur une tâche sollicitant toutes ses ressources.

L’attention partagée

Notre attention est divisée entre plusieurs sources d’informations.

L’attention sélective

Nous sélectionnons une seule source d’informations alors que plusieurs peuvent pénétrer nos canaux sensoriels. Par exemple, on va seulement s’intéresser à la personne avec qui nous sommes en train de mener une conversation, et occulter les autres.

L’attention soutenue

Nous sommes très concentrés, nous allouons toutes nos ressources attentionnelles à une seule tâche, qui nécessite de résister aux distractions environnantes.

La perception que l’on a de notre environnement est-elle toujours exacte ?

L’effet pygmalion

L’effet pygmalion, découvert par Rosenthal avance l’idée selon laquelle nous adaptons notre comportement de façon à ce qu’il vienne confirmer ce que nous pensons de quelqu’un ou de quelque chose. Ce sont des prophéties auto-réalisatrices, engendrées par le changement de comportement que l’on adopte pour venir confirmer nos propres croyances. Rosenthal avait mené une expérience dans laquelle il confiait 12 rats à deux groupes d’étudiants différents en leur communiquant deux types différents d’informations. Le but de ces étudiants était de faire réaliser aux rats un parcours dans un labyrinthe. Un premier groupe se voyait recevoir un groupe de rats sélectionnés de façon extrêmement sévère, et donc qu’ils devaient parvenir à des résultats exceptionnels, tandis que le second groupe de rats était présenté comme banal, et il leur était dit que pour des raisons génétiques, il serait même très probable qu’ils échouent. Finalement, le premier groupe de rats parvenait à cheminer dans le labyrinthe, tandis que le second groupe de rats présentait un nombre important de difficultés. Il s’est finalement avéré que les étudiants avaient adapté leur comportement avec les rats en fonction des informations reçues, ils s’étaient montrés aimants et sympathiques avec les rats sur lesquels on leur avait dit qu’ils étaient doués, tandis qu’ils s’étaient montrés détachés, voire négligents avec les rats qu’on leur avait présentés comme étant plus « faibles génétiquement ». Cette expérience a montré que nous nous comportons ainsi différemment selon les croyances que nous avons sur les personnes, objets de notre environnement. Il est important de connaître ces biais pour avoir une lecture plus précise sur nos comportements.

L’effet Hawthorne

Ce biais a pu être mis en évidence dans des recherches de Elton Mayo, qui étudiait les relations interpersonnelles et ses impacts sur le rendement et la performance. Après avoir changé certains paramètres des conditions de travail, comme l’éclairage par exemple, la performance des ouvriers a augmenté. Cependant, il a été montré plus tard que cette augmentation de la productivité venait finalement du fait qu’ils se sentaient observés, et non pas du changement de conditions de travail. On a donc appelé cet effet l’effet Hawthorne, en raison du nom de l’usine.

J’espère que cet article vous en aura appris davantage sur le fonctionnement d’un être humain et qu’il vous offrira une grille de lecture pour appréhender différemment les situations quotidiennes que vous êtes amené à rencontrer. Encore une fois, il ne s’agit que d’un infime échantillon des biais étudiés en psychologie.