Les tests de personnalité sont aujourd’hui omniprésents. Utilisés pour déterminer son orientation professionnelle ou lors des processus de recrutement, les tests de personnalité sont devenus incontournables. Mais pourquoi s’intéresser autant à la personnalité ?
La personnalité d’un individu influence ses perceptions, ses motivations, ses émotions et ses actions de telle sorte que des individus de personnalités différentes vivent et perçoivent le monde différemment. Cet intérêt pour la personnalité n’est pas nouveau. De nombreux modèles ont été établis, débouchant sur le Big Five, aujourd’hui majoritairement utilisé.
Des modélisations pour appréhender la personnalité …
Isabel Myers et Katharine Cook Briggs ont développé le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) basé sur les travaux de Carl Jung. Ce modèle permet de déterminer la fonction dominante et auxiliaire d’un individu en suivant les types psychologiques de Jung. Ce test suit 4 axes pour déterminer les préférences de l’individu :
- L’orientation de l’énergie entre extraversion (E) et introversion (I)
- La manière privilégiée de recueillir de l’information entre sensation (S) et intuition (I)
- Le traitement privilégié pour la prise de décision entre pensée (T pour thinking) et sentiment (F pour feeling)
- Et le mode d’action entre jugement (J) et perception (P).
16 types de personnalités peuvent être attribués à partir des deux préférences possibles pour chacune des dimensions précédentes (Myers 2016).
Un deuxième modèle de la personnalité a été établi par Eysenck. Dans son modèle il prenait en compte deux dimensions : l’extraversion (ou l’introversion) et le neuroticisme (ou la stabilité émotionnelle). Plus tard, après avoir étudié des individus souffrant de maladie mentale, l’auteur a ajouté une dimension à son modèle, appelée psychoticisme (Eysenck et Eysenck, s. d.).
Par la suite, le professeur Raymond Cattell a introduit un modèle de la personnalité à 16 facteurs, ainsi que le questionnaire adéquat, le Sixteen Personality Facto Questionnaires (16PF). Ces seize facteurs sont composés, entre autres, de l’affectivité, la capacité intellectuelle, la capacité d’adaptation, l’impulsivité, le degré d’autonomie, la conformité groupale ou encore la sensibilité.
Le modèle Big Five
Le quatrième modèle de la personnalité, celui qui nous intéresse le plus ici, est celui du Big Five de Costa et McCrae (1992). Ce modèle est issu d’analyses lexicales des termes utilisés pour se décrire ou pour décrire autrui (Costa et McCrae, 1992; Pervin et John, 1999).
Il s’agit d’un système taxonomique hiérarchique initialement à deux niveaux permettant d’ordonner un nombre indéfini de traits fins de la personnalité, appelés facettes, sous cinq traits plus larges, appelés domaines, que sont : l’ouverture à l’expérience (O), la conscienciosité (C), l’extraversion (E), l’agréabilité (A), et neuroticisme (N). Ce modèle, qui s’est avéré très robuste au fil du temps, fournit un langage commun utilisé dans la recherche sur la personnalité plutôt qu’un modèle complet de la personnalité. Il constitue un cadre de référence qui met en évidence les facteurs universels les plus communs de la personnalité (Costa et McCrae, 1992). En effet, il a été démontré que les traits de personnalité présents dans le modèle du Big Five existent à travers les ethnies, les cultures (McCrae et Costa, 1997), les âges (Digman, 1990), et peuvent avoir des composantes biologiques et génétiques importantes (Jang et al., 2002; McCrae et Costa, s. d.). Dans le modèle du Big Five, chaque individu possède chacun des cinq grands traits larges de la personnalité – ou domaines-, mais à des degrés plus ou moins élevés.
Ces cinq domaines sont définis comme suit :
- L’ouverture à l’expérience (O) est caractérisée par une forte imagination, la présence de beaucoup de sentiments et d’idées. Les individus qui obtiennent un score élevé sur ce trait ont tendance à être curieux et ont un large éventail de centres d’intérêt.
- La conscienciosité (C) est caractérisée par la compétence, l’autodiscipline, la réflexion, la recherche de réussite et la mise en place de comportements dirigés vers l’atteinte d’objectifs. Les individus qui obtiennent un score élevé sur ce trait sont assidus et fiables. Plusieurs études ont mis en avant une corrélation positive entre le caractère consciencieux des individus et leur réussite scolaire (Conrad et Patry, 2012; Noftle et Robins, 2007; Wagerman et Funder, 2007).
- L’extraversion (E) est caractérisée par la sociabilité, l’assertivité, la recherche d’excitation et l’expression émotionnelle. Les individus qui obtiennent un score élevé sur ce trait sont généralement décrits comme avenants et chaleureux. Les individus qui obtiennent des scores élevés à la fois dans le domaine extraversion (E) et ouverture à l’expérience (O) sont plus susceptibles de participer à des sports d’aventure ou à risques en raison de leurs natures curieuses et de la recherche d’excitation qui les caractérisent (Tok, 2011).
- L’agréabilité (A) est la tendance à être agréable, coopératif, digne de confiance et bon enfant. Les individus qui obtiennent de faibles scores en agréabilité ont tendance à être décrits comme impolis et peu coopératifs.
- Enfin, le neuroticisme (N) – ou névrotisme – est la tendance à être émotionnellement instable et sujet à éprouver des émotions négatives. Les personnes qui obtiennent de hauts scores en neuroticisme ont tendance à éprouver une labilité – ou instabilité – émotionnelle et sont décrites comme colériques, impulsives et hostiles. Watson et Clark (1984) ont constaté que les personnes présentant un niveau élevé de neuroticisme avaient également tendance à se sentir anxieuses et malheureuses. A l’inverse, les personnes qui ont un faible score de neuroticisme ont tendance à être calmes et d’humeurs tempérées.
Les domaines du Big Five représentent chacun un continuum entre deux extrêmes et la plupart des individus ont tendance à se situer quelque part à mi-chemin le long du continuum de chaque facteur, plutôt qu’aux extrémités. Il est important de noter que les domaines du Big Five s’avèrent être relativement stables au cours de la vie, avec une légère tendance à augmenter ou à diminuer pour certains domaines. Par exemple, les chercheurs ont constaté que la conscienciosité (C) augmente du jeune adulte à l’âge mûr. L’agréabilité (A) augmente également avec l’âge, atteignant un pic entre 50 et 70 ans, tandis que le névrosisme (N) et l’extraversion (E) ont tendance à diminuer légèrement avec l’âge (Donnellan et Lucas, 2008).
Références :
Myers 2016
Eysenck et Eysenck, s. d.
Costa et McCrae, 1992; Pervin et John, 1999
McCrae et Costa, 1997
Digman, 1990
Jang et al., 2002; McCrae et Costa, s. d.
Conrad et Patry, 2012; Noftle et Robins, 2007; Wagerman et Funder, 2007
Tok, 2011
Donnellan et Lucas, 2008
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